Enquete nationale sur les conditions de vie des ménages libanais

Selon une enquête socio-économique publiée par l'ACS, le salaire moyen au Liban s'élevait à 679 000 de LL en 2007 tandis que seulement 52 % des personnes actives bénéficiaient d'une assurance médicale.

L'Administration centrale des statistiques (ACS) a récemment publié une enquête nationale sur les conditions de vie des ménages libanais en 2007, dont les résultats sont assez inquiétants. Cette étude globale, qui fait suite à une enquête analogue menée il y a plusieurs années sur les conditions de vie des ménages en 2004, a été élaborée en collaboration avec le ministère des Affaires sociales, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation internationale du travail (OIT). Elle porte sur quatre thèmes principaux : la démographie, le logement, l'éducation et la population active. Dans ce dernier volet consacré à l'étude des conditions économiques des Libanais et à la description des principales caractéristiques de la population active, plusieurs sujets sont abordés : l'emploi et les jeunes, le taux de chômage, l'impact de la guerre de juillet sur le niveau de vie des ménages... En voici les principaux résultats.

 

Population active et niveau des salaires
Selon l'enquête, la population active, qui comprend les personnes actives et celles à la recherche d'un emploi, a augmenté de 2,2 % entre 2004 et 2007, à 1 229 000 personnes (dont 118 000 au chômage). Quand aux personnes classées en dehors de la population active (âgées de plus de 15 ans), leur nombre a atteint 1 602 389 en 2007, dont 884 555 non actives, 409 543 étudiants, et 63 191 retraités. Parmi les personnes actives, près des trois quarts dépendaient du secteur du commerce et des services (73,4 %), tandis que seulement 7,2 % travaillaient dans l'agriculture. En outre, 83,3 % des personnes actives travaillaient dans le secteur privé, contre 15,7 % dans le secteur public (12,9 % en 2004). Par ailleurs, les patrons représentaient 9,5 % du total des personnes actives en 2007, contre 5,1 % en 2004, ce qui reflète une plus grande tendance au travail indépendant qu'au salariat. Dans la catégorie des patrons et des individus travaillant à leur compte, seulement 27,6 % avaient toutefois suivi des études universitaires tandis que 43,5 % d'entre eux n'avaient pas atteint le niveau d'enseignement secondaire. Enfin, l'étude souligne que seulement 52,2 % des personnes actives bénéficiaient d'une sécurité médicale en 2007 (toutes catégories d'assurances confondues), une proportion toutefois en hausse par rapport à 2004 (49,2 %). Au niveau des rémunérations, l'étude indique que le salaire moyen des employés âgés de plus de 15 ans au Liban s'élevait à 679 000 livres en 2007, tandis que le salaire médian chutait à 560 000 livres. Le niveau de revenu diffère toutefois d'une région à une autre ; le salaire moyen à Beyrouth s'élevait, par exemple, à 909 000 livres en 2007, tandis que dans les régions du Sud frappées de plein fouet par la guerre de 2006, il tombait à 550 000 livres. Le revenu mensuel varie également en fonction du niveau d'enseignement et du secteur économique. Ainsi, selon l'étude, le salaire moyen d'un employé disposant d'un diplôme universitaire s'élevait à 977 000 livres, tandis que celui d'un employé analphabète frôlait les 350 000 livres. En parallèle, les employés du secteur agricole encaissaient en moyenne 288 000 livres par mois, contre 972 000 livres pour les individus travaillant dans le secteur de l'assurance et de l'intermédiation financière. En outre, les résultats de l'étude révèlent que 9,2 % des employés âgés de plus de 15 ans avaient un revenu mensuel inférieur ou égal à 299 000 livres, tandis que seulement 2,3 % d'entre eux disposaient d'un salaire supérieur ou égal à deux millions de livres. Parmi les individus dont le salaire mensuel était inférieur à 299 000 livres, 6,1 % avaient suivi des études universitaires.

Les diplômés touchés le plus par le chômage
Selon l'enquête, le taux de chômage a augmenté à l'échelle nationale de 8 % en 2004 à 9,2 % en 2007 (10,2 % pour les femmes, contre 8,8 % pour les hommes). Parmi les raisons ayant abouti à cette hausse, la guerre de 2006 semble avoir été le facteur principal, 45 595 individus ayant perdu leur emploi au lendemain de la guerre, selon l'étude. Au niveau de la répartition des chômeurs par tranche (selon le niveau d'enseignement), 30,1 % des personnes sans emploi disposaient d'un diplôme universitaire en 2007, contre 21,6 % en 2004, reflétant une forte augmentation du taux de chômage parmi les diplômés. Quant aux individus ayant bénéficié d'un enseignement complémentaire et primaire, ils sont arrivés respectivement au deuxième rang et troisième rang (22,4 % et 23,2 %), suivis des personnes ayant complété le cycle secondaire (19,9 %) et les analphabètes (1,4 %). Alors que dans les pays occidentaux, le taux de chômage est généralement le plus élevé parmi les catégories défavorisées, la réalité semble ainsi être tout autre au Liban. Les résultats au sein de chaque tranche confirment d'ailleurs cette tendance : 11,1 % des individus diplômés étaient au chômage en 2007, contre seulement 4,2 % des analphabètes. Ces chiffres, qui sont pour le moins inquiétants, reflètent une structure de marché favorisant encore les non-qualifiés aux qualifiés. Sur le plan géographique, 31,7 % des chômeurs en 2007 vivaient au Mont-Liban, tandis que 18,4 % d'entre eux habitaient dans la banlieue sud de la capitale.

Impact de la guerre de juillet
Au niveau de l'impact de la guerre de 2006 sur le niveau de vie des Libanais, l'enquête révèle que 4,2 % des employés âgés de plus de 15 ans se sont retrouvés au chômage au lendemain de la guerre, tandis que 60,4 % d'entre eux ont subi une diminution de salaire. Par secteur d'activité, les revenus de 87,8 % des employés du secteur de la construction et 74,9 % de ceux travaillant dans l'industrie de transformation ont été revus à la baisse. L'étude souligne, en parallèle, que le revenu mensuel de la tranche inférieure des ménages (20 % les plus défavorisés) a chuté en moyenne de 450 000 à 350 000 livres au lendemain de la guerre, tandis que celui de la tranche supérieure (20 % les plus riches) a reculé de 2 750 000 à 2 500 000 livres. Quant aux 50 % de ménages restants, leur revenu mensuel a baissé en moyenne de 100 000 livres, passant de 850 000 à 750 000 livres au lendemain du conflit. L'étude indique, par ailleurs, que 21,5 % des ménages ont bénéficié d'aides en nature durant la guerre, tandis que seulement 4,1 % ont été soutenus sur le plan financier. Parmi ces rares ménages ayant reçu des aides en espèces, les ménages pauvres ne semblent toutefois pas avoir été favorisés. En effet, selon l'étude, 4,3 % des ménages dont le revenu mensuel est inférieur à 400 000 livres (contre 5,4 % des ménages au revenu supérieur à 2 500 000 livres) ont bénéficié d'aides financières. Enfin, 72,4 % de ces aides ont été assurées par des parents des personnes lésées, tandis que 17,8 % ont été accordées par des partis politiques, conclut l'étude.