Censure et arrestations de journalistes en Iran

« Sans libre circulation de l’information, une élection n’est pas démocratique », affirme Reporters sans frontières

Reporters sans frontières appelle la communauté internationale à ne pas reconnaître les résultats du premier tour de l’élection présidentielle iranienne du 12 juin en raison de la censure et de la répression contre les journalistes qui ont empêché un déroulement démocratique du processus électoral. Alors que la « victoire » de Mahmoud Ahmadinejad est contestée, les actes de censure de médias et les arrestations de journalistes se multiplient.

« Une élection démocratique suppose des médias libres d’observer le processus électoral et d’enquêter sur les fraudes. Aucune de ces deux conditions n’est aujourd’hui réunie dans la supposée réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Nous appelons solennellement la communauté internationale, particulièrement les pays européens, à ne pas reconnaître publiquement les résultats annoncés par les autorités tant que les médias ne pourront pas travailler librement. Une élection gagnée à coup d’arrestations de journalistes et de censure n’est pas démocratique », a affirmé l’organisation.

Le 13 juin, les mesures de censure et les arrestations de journalistes se sont multipliées. En plus d’une dizaine de sites Internet proches de l’opposition déjà censurés, deux chaînes de télévision en persan ont été partiellement brouillées et les réseaux Internet et de téléphone mobile également perturbés. Les proches de Mahmoud Ahmadinejad continuent à faire pression sur les médias iraniens pour qu’ils ne relayent pas les informations sur les fraudes. Quatre des principales publications proches des réformateurs ont été fermées ou empêchées de critiquer les résultats officiels.

L’organisation a pu confirmer que les journalistes Reza Alijani, lauréat du prix Reporters sans frontières-Fondation de France 2001, Hoda Sabaer, Ahamad Zeydabadi et Taghi Rahmani ont été arrêtés. On est sans nouvelles d’une dizaine d’autres journalistes qui seraient détenus ou en fuite.

Le blocage des médias étrangers s’est accéléré. En plus du filtrage du site de la BBC, les chaînes satellitaires en persan VOA et BBC, très populaires dans le pays, ont été partiellement brouillées dans le pays.

Les sites YouTube et Facebook sont difficiles d’accès et les sites réformateurs http://khordadeno.com/, http://aftabnews.ir/index.php, http://ghalamesabz.com/ sont inaccessibles. Said Shariti, le responsable du site Nooroz, a été arrêté par la police.

Les violences policières ont visé la presse étrangère. Le collaborateur d’une équipe de la chaîne italienne RAI et un reporter de Reuters ont été frappés par des policiers dans la capitale. Une équipe de la BBC a été menacée par la police, mais des manifestants ont réussi à faire fuir les forces de l’ordre.

Des journalistes iraniens indépendants ont expliqué à Reporters sans frontières qu’un climat de peur s’est installé dans les principales villes du pays. Plusieurs responsables d’opposition, notamment Mohsen Mir Dadamadi du Parti de la participation islamique, ont été arrêtés le 13 juin. Le centre d’informations du candidat Mirhossein Moussavi a été saccagé, le 13 juin, par des partisans de Mahmoud Ahmadinejad qui ont notamment détruit les ordinateurs. C’est de ces bureaux qu’était diffusée l’agence de presse Qalam News.

Les médias d’Etat ne relayent que les annonces de victoire du président sortant et les résultats officiels du ministère de l’Intérieur.

Les candidats Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi ont appelé à ne pas « accepter les résultats truqués ». Des partisans de l’opposition se sont opposés violemment aux forces de police, faisant au moins un mort dans la capitale.

 

http://www.rsf.org/Sans-libre-circulation-de-l.html