Grippe, les enfants d’abord!

Jamais sans doute une infection n’aura suscité autant de travaux scientifiques dans un délai aussi court. Tandis que les Etats affûtent leurs commandes, et que les industriels peaufinent leurs vaccins, les épidémiologistes tentent de déterminer le schéma de vaccination le plus efficace contre la grippe H1N1.

Alors que les premiers résultats de vaccins contre le virus apparu en avril dernier au Mexique semblent prometteurs, avec une efficacité qui pourrait —pour l’un des vaccins en cours de fabrication— atteindre les 80% dès la première injection (mieux que le vaccin contre la grippe saisonnière), les scientifiques font tourner leurs modèles de propagation d’épidémies pour gérer la pénurie de vaccins (il n’y en aura pas pour tout le monde, et notamment dans les pays du tiers-monde) et dessiner des politiques de vaccinations. Derniers travaux en date, dans l’édition de Science du 11 septembre, une dizaine de chercheurs américains estiment qu’en ciblant prioritairement les enfants, une vaccination de 70% de la population américaine permettrait de gérer l’impact de la grippe H1N1 cet hiver. A condition que la campagne sanitaire puisse démarrer très rapidement, d’ici quelques semaines au plus tard. Selon ces chercheurs, 27% de la population des Etats-Unis pourrait être exposée au virus de la grippe porcine cet hiver. Ils calculent que, en moyenne, chaque enfant pourrait en contaminer 2,4 autres en moyenne dans un délai moyen de trois jours.

En France, le Haut Conseil de la santé publique a rendues publiques ses recommandations sur la campagne de vaccination qui se prépare. Ses experts préconisent de vacciner en priorité les personnels de santé, les femmes enceintes —à partir du second trimestre de grossesse—, l’entourage de nourrissons et les bébés de moins de deux mois. Il recommande une double injection du vaccin. Ensuite, le HCSP propose de vacciner les personnes de 2 à 64 ans qui présentent des facteurs de risque (des pathologies chroniques sévères). Selon le réseau Sentinelle de l’INSERM, la grippe H1N1 a franchi la semaine dernière le seuil épidémique, fixé à 80 cas pour cent mille habitants.

Mais les responsables tempèrent leurs chiffres en expliquant que la sur-médiatisation de la maladie peut être à l’origine d’un excès de consultations. Selon le bulletin de l’Institut national de veilles sanitaire, 19 personnes sont décédées en France depuis le début de l’épidémie, dont 3 en métropole et 16 dans les départements et territoires d’outremer. Selon Santé News, une consultation organisée sur internet par le Syndicat national des professionnels infirmiers montre que ces derniers refusent majoritairement de se faire vacciner, probablement par crainte d’effets secondaires d’un vaccin produit dans des conditions d’urgence rarement rencontrées. Selon Rue89, la France aurait commandé 10% de l’ensemble des vaccins qui devraient être produits dans les prochains mois à l’échelle de la planète, avec 94 millions de doses destinées à protéger 75% de sa population.

Reference Sciences et Vie