Sarkozy et Lula parlent de signes encourageants avant Copenhague

Luiz Inacio Lula da Silva et Nicolas Sarkozy jugent "encourageantes" les dernières propositions américaines et chinoises en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Mais le président brésilien et son homologue français ont admis qu'il y avait encore du chemin à faire pour assurer le succès de la conférence de Copenhague sur le climat, notamment en matière de financement de l'aide aux pays les plus pauvres.

Lula avait invité Nicolas Sarkozy à un sommet des huit pays de l'Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), à Manaus, métropole de l'Amazonie.

Objectif des deux présidents : élargir le front de ceux qui réclament, comme eux, un accord contraignant à Copenhague et faire pression sur les Etats-Unis et la Chine.

Le sommet de Manaus, bien que réduit à sa plus simple expression par l'absence de six chefs d'Etat, dont Hugo Chavez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Alvaro Uribe (Colombie) et Alan Garcia (Pérou), a répondu au moins en partie à leur voeu.

Dans une déclaration finale, les pays de l'OTCA "saluent l'initiative des gouvernements du Brésil et de la France".

Un soutien dont la délégation française se contentait jeudi soir, en rappelant que certains Etats signataires dénonçaient il y a peu toute tentative d'impliquer les pays en développement dans la lutte contre le réchauffement climatique.

"Que ces mêmes pays saluent l'initiative franco-brésilienne c'est considérable", souligne la présidence française.

Nicolas Sarkozy tentera vendredi dans l'archipel des Caraïbes de Trinité-et-Tobago, où se tient le sommet du Commonwealth, d'enrôler dans la croisade franco-brésilienne un bien plus gros morceau, l'Inde, ainsi que l'Afrique du Sud.

Avant de s'adresser en séance plénière aux chefs d'Etat et de gouvernement des 53 pays du Commonwealth - une première pour un président français - il déjeunera avec le Premier ministre indien Manmohan Singh et s'entretiendra avec le président sud-africain Jacob Zuma.

En attendant, il s'est autorisé jeudi soir une petite leçon de diplomatie à l'adresse du président américain Barack Obama, qui a annoncé sa venue à Copenhague le 9 décembre, alors que les chefs d'Etat et de gouvernement n'y sont attendus que le 17.

AIDE AUX PAYS PAUVRES ET FORESTIERS

Si Nicolas Sarkozy est prêt, selon l'Elysée, à participer à un éventuel mini-sommet le 9 décembre dans la capitale danoise et à y revenir le 17, il ne s'est pas privé de critiquer publiquement l'idée d'une rencontre intermédiaire.

"Je ne voudrais surtout pas qu'on soit discourtois à l'endroit des Danois et des 66 chefs d'Etat et de gouvernement qui ont déjà donné leur accord" pour venir à la conclusion de la conférence, a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec Lula et le président Bharrat Jagdeo du Guyana.

Il a néanmoins jugé "extrêmement encourageantes" les propositions américaines de réduction des émissions de GES des Etats-Unis, ainsi que celles de la Chine.

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi qu'ils proposeraient de réduire de 17% leurs émissions en 2020 par rapport à 2005 (3% par rapport à 1990), de 18% en 2025 par rapport à 1990 et de 32% d'ici 2030, également par rapport à 1990.

Nicolas Sarkozy a dit "comprendre qu'un certain nombre de pays commencent tout doucement et accélèrent par la suite".

"Il y a une semaine nous n'avions pas encore des chiffres aux Etats-Unis ou en Chine", a pour sa part déclaré le président brésilien. "Actuellement, les Etats-Unis ont un chiffre. Ce n'est pas le chiffre que j'aimerais mais ils ont un chiffre."

La Chine a pour sa part annoncé jeudi qu'elle se fixait pour objectif de réduire de 40 à 45% d'ici 2020 l'"intensité carbone" de son économie - la quantité de gaz à effet de serre rejetés pour chaque yuan de revenu national - par rapport à 2005.

Pour la délégation française, cette position "très intéressante" demande encore à être ramenée à des dates de références et des critères communs avec les engagements des autres pays participants aux négociations.

La conférence de Copenhague doit en outre aller au-delà d'engagements à réduire les émissions de CO2, ont estimé Lula et Nicolas Sarkozy, pour qui Copenhague doit prévoir le financement d'une aide aux pays en voie de développement.

Il a ainsi estimé qu'une aide publique d'une dizaine de milliards de dollars par an devrait être prévue ces trois prochaines années pour aider les pays les plus pauvres à accéder à une énergie décarbonée sans attendre l'entrée en vigueur du traité sur le climat censé remplacer le protocole de Kyoto.

Il a proposé que 20% de cette aide soient consacrés à la préservation de la forêt dans les principaux bassins forestiers du monde - l'Amazonie, le bassin du Congo et l'Indonésie.

Le président français a annoncé à ce propos qu'il recevrait à Paris le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, le 14 décembre, et les chefs d'Etat du bassin du Congo, le 16.

reference: www.fr.news.yahoo.com