Femmes au travail, un projet du British council

Zakié Karam est directrice générale chez IDM, l'une des plus importantes entreprises libanaises qui fournissent des services Internet. Elle a été sélectionnée par un programme du British council pour faire partie d'une équipe de femmes pionnières dans leur métier.

« Women at work » ou « femmes au travail » est un projet qui a été lancé l'année dernière par le British council dans les pays du Proche-Orient et du Maghreb arabe. Il a pour but de mettre en contact des femmes anglaises, connues dans leur milieu professionnel, avec des femmes originaires d'Égypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de Palestine, de Syrie et de Tunisie, pionnières dans leur métier, réservé aux hommes dans cette partie du monde.
À travers ce projet, les femmes arabes parviennent à apprendre de l'expérience de leurs consœurs européennes et tissent un réseau de communications avec des professionnels aussi bien arabes qu'européens. Ce projet vise aussi à mettre un terme aux stéréotypes qu'on se fait d'une profession donnée

Rana Moughaghab et Farah Ballouz sont respectivement directrice régionale de la communication et chef de projet au British council. Elles expliquent que pour chaque pays du Proche-Orient et de l'Afrique du Nord, des métiers ont été définis. C'est que dans chaque pays arabe, les métiers perçus comme réservés aux hommes diffèrent.

En Égypte, le British council a choisi des femmes juges, au Liban des femmes qui travaillent dans le domaine des nouvelles technologies de l'information, en Jordanie des femmes d'affaires, en Palestine des architectes, en Syrie des femmes qui travaillent dans le domaine des sciences, en Tunisie des cinéastes, et au Maroc des sportives.

Les femmes sélectionnées ont effectué une visite au Royaume-Uni, et cela pour échanger des idées avec des consœurs anglaises. Une visite des spécialistes anglaises est prévue dans les pays faisant partie du projet.

Ce projet devrait contribuer à long terme à changer la perception de certains métiers dans les pays arabes. Les femmes sélectionnées pourraient aider les jeunes filles qui hésitent à choisir certaines carrières. Les pionnières dans ces domaines pourraient constituer des exemples à suivre. C'est qu'elles participeront à des foires sur les métiers destinées aux jeunes. Elles pourront également intervenir dans des conférences sur l'orientation universitaire auprès des écoles.

 

Zakié Karam s'était spécialisée en 1987 en programmation informatique. Aujourd'hui, elle est directrice générale chez IDM.

« À la fin des années quatre-vingt, les filles se spécialisaient en programmation informatique parce que le domaine était confondu, pour les femmes, avec celui du secrétariat, surtout avec le clavier qui rappelait la machine à dactylo », dit-elle.

Ses études terminées, elle intègre une entreprise toute jeune qui deviendra avec le temps l'un des plus importants pourvoyeurs de services Internet du pays et qui fusionnera avec une autre pour devenir plus tard IDM.

Zakié progresse petit à petit. Elle devient chef du département de programmation. Interrogée à ce sujet, elle souligne que ce n'était pas facile d'être une femme à ce poste de responsabilité, mais elle a fait la sourde oreille et s'est investie dans le travail.

Elle a été la première personne au Liban, en 1996, à avoir mis en place un serveur Internet commercial, à l'intérieur de l'entreprise. « C'était un véritable défi », indique-t-elle. Pour pouvoir mettre en place ce serveur, elle a participé à un stage de quelques jours en France. De retour au Liban, elle entame le travail. « Il fallait installer le système et informer les employés afin qu'ils se familiarisent avec le nouvel outil mis en place », explique-t-elle.

Tout en poursuivant son travail, Zakié Karam suit des études à l'ESA. Elle progresse au sein de l'entreprise et devient directrice des ventes. Après la guerre de juillet 2006, elle est nommée directrice générale d'IDMI, une branche d'IDM tournée à la vente de services Internet dans le monde arabe.

Malgré son succès, Zakié Karam est quelqu'un qui a su rester modeste. Ayant un profil de gagnante, elle fait partie de ces femmes qui se remettent en question et qui apprennent de leurs erreurs pour avancer.

« J'ai appris de mes erreurs. Aujourd'hui, après vingt ans de carrière, je sais que je ne ferai plus les mêmes erreurs. Je ferai certaines choses différemment », dit-elle.

Même si le milieu de l'informatique est encore réservé aux hommes, Zakié encourage les filles qui aiment cette spécialisation à choisir ce domaine. « L'important, c'est de faire quelque chose qu'on aime », indique-t-elle.

Concernant le programme du British council, elle souligne, en conclusion, l'importance d'apprendre de l'expérience des autres et de construire un réseau de connaissances aussi bien au Royaume-Uni que dans le monde arabe.