Exil forcé à Londres pour trois singes

Les histoires de sauvetage d'animaux en difficulté sont toujours remarquables, d'autant plus qu'elles restent rares chez nous. Trois singes, deux babouins « Hamadryas » mâles et un singe Mona femelle, recueillis après la fermeture d'un zoo à Dbayé, ont été transférés hier vers un sanctuaire à Wales, en Grande-Bretagne.
L'opération a été menée par l'association de protection des animaux « Animals Lebanon », et le transfert a été assuré gratuitement par la Middle East Airlines, qui avait également transporté de Londres, il y a quelques jours, les cages spéciales dans lesquelles les primates ont fait le voyage vers le sanctuaire. Un expert les attendait à l'aéroport de Heathrow pour les prendre en charge et les mener vers leur destination finale.

 

L'association avait recueilli plusieurs animaux à la fermeture du zoo le 13 février dernier, et en avait transporté un grand nombre, dont les singes, vers le refuge « Animal Encounter » de Aley, qui a accepté d'en prendre soin. Mais les trois primates, qui appartiennent à des espèces menacées mondialement, devaient au bout du compte être pris en charge par une organisation spécialisée qui peut les garder indéfiniment et leur prodiguer les soins adaptés. L'organisation contactée par « Animals Lebanon » est le « Wales Ape and Monkey Sanctuary », où les singes pourront vivre en sécurité et en quasi-liberté (donc pas dans des cages).
Signalons que les deux babouins appartiennent à une espèce vivant en Afrique de l'Est et dans certaines régions du Moyen-Orient, alors que le singe Mona vit en Afrique de l'Ouest. Ces espèces sont protégées dans le cadre de la Convention sur le trafic international d'espèces menacées (Cites), ce qui aurait dû, selon « Animals Lebanon », « en empêcher l'importation illégale au Liban ».
Lana el-Khalil, présidente d' « Animals Lebanon », a fait remarquer, à ce propos, que « ces primates ont été enlevés illégalement de leur habitat naturel, introduits en contrebande sur le territoire libanais, puis exposés dans un zoo ne répondant pas à un minimum de normes ». « Après avoir souffert là-bas durant des années, mal nourris, vivant dans de petites cages, exposés aux pluies de l'hiver et au soleil de plomb de l'été, ces singes ont été secourus par « Animals Lebanon » qui leur donne ainsi une nouvelle chance de vivre la vie qu'ils méritent, a-t-elle poursuivi. Nous espérons qu'en dénonçant la situation critique dans laquelle se trouvaient ces animaux menacés, nous pourrons soulever le problème épineux du trafic illégal d'animaux sauvages au Liban, l'un des rares pays à n'avoir pas encore signé la convention Cites. Il est temps qu'il prenne position contre de telles pratiques abusives et dépassées. »
Mme el-Khalil a par ailleurs rendu hommage au soutien de la MEA, qui a accepté de rapatrier gratuitement ces singes à Londres, une opération qui coûte à elle seule plusieurs milliers de dollars.