Rappels massifs de Toyota : le point dans le monde

L'un des leaders mondiaux de l'industrie automobile a dû faire face à une série de défauts techniques touchant plusieurs modèles de voitures dans le monde entier.

Le géant automobile japonais Toyota a annoncé depuis septembre le rappel dans le monde de plusieurs millions de véhicules, affectés par deux séries de défauts techniques. La première série concerne un problème de tapis de sol amovible, susceptible de s'accrocher dans la pédale d'accélérateur et la bloquer en position enfoncée. Ce défaut semble être à l'origine d'un accident dans lequel une famille a péri en Californie. Ce rappel, le plus important jamais effectué par Toyota, s'applique uniquement à l'Amérique du Nord : quelque 5,3 millions de véhicules Toyota et Lexus sont concernés. Sur ce total, 4,2 millions ont été rappelés à l'automne 2009 et 1,1 million supplémentaires fin janvier. Le rappel concerne 13 modèles (Camry, Avalon, Prius, Takoma, Tundra, Corolla, Venza, Matrix, Pontiac Vibe, Highlander sur différentes séries de 2004 à 2010, et les Lexus ES 350, IS 250 et IS 350 sur des séries de 2006 à 2010). La seconde série de défauts techniques serait quant à elle causée par un problème de pédale : il s'agit d'un défaut de conception de la pédale elle-même, fabriquée par l'équipementier américain CTS. Cette pédale d'accélérateur peut rester bloquée en position enfoncée lorsque de la condensation se produit dans le véhicule, principalement en hiver en raison de la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur de l'habitacle.
Ce deuxième rappel, annoncé fin janvier, concerne jusqu'à présent près de 4,63 millions de véhicules Toyota vendus dans le monde : 2,3 millions aux États-Unis (dont 1,7 million ont déjà été rappelés pour le problème de tapis), environ 1,8 million en Europe, 270 000 au Canada, 75 000 en Chine, 80 000 en Afrique, 60 000 en Amérique latine et 40 000 au Moyen-Orient. Huit modèles sont concernés aux États-Unis (Avalon, Camry, Corolla, Highlander, Matrix, RAV4, Sequoia et Tundra sur diverses séries entre 2005 et 2010). La production et la vente de ces modèles ont été suspendues jusqu'au 8 février. Huit modèles sont également rappelés en Europe (AYGO, iQ, Yaris, Auris, Corolla, Verso, Avensis et RAV4 pour plusieurs séries de 2005 à 2010). La production en Europe de ces modèles n'a pas été arrêtée. Par ailleurs, le constructeur français PSA Peugeot Citroën a rappelé 97 000 voitures Peugeot 107 et Citroën C1 produites entre février 2005 et août 2009 dans une usine de République tchèque partagée avec Toyota.
Au cours d'une conférence de presse, la première d'un haut responsable de Toyota au Japon depuis l'éclatement de la crise, le vice-président Shinichi Sasaki a renouvelé les excuses du groupe à l'égard des automobilistes affectés. « Aux propriétaires des véhicules rappelés et à tous nos clients dans le monde, nous présentons nos sincères excuses pour les troubles causés », a déclaré M. Sasaki au siège de Toyota à Nagoya, dans le centre du Japon. Le vice-président de Toyota a réfuté les critiques selon lesquelles le constructeur, devenu numéro un mondial en 2008, aurait sacrifié la légendaire qualité de ses voitures pour atteindre plus vite cette consécration. « Je ne pense pas que l'expansion de la production à l'étranger ait affecté la qualité de quelque façon que ce soit », a-t-il affirmé. Il a reconnu que le délai entre l'annonce des rappels, la semaine dernière, et celle des premières mesures prises pour corriger le défaut, lundi dernier, avait été long. « Dans le cas présent, nous avons jugé prioritaire d'émettre un avertissement, même au risque de semer la confusion », a expliqué M. Sasaki. « Dans l'idéal, nous aurions aimé apporter une explication plus tôt. Je présente mes excuses au nom de la direction pour ce retard », a-t-il poursuivi. M. Sasaki est le premier haut dirigeant de Toyota au Japon à s'expliquer publiquement depuis le début de la crise. Jusqu'à présent, seul le patron de la filiale américaine, Jim Lentz, avait été envoyé affronter les médias. À l'exception de brèves excuses formulées samedi devant une équipe de la télévision japonaise pendant le forum de Davos, en Suisse, le PDG et petit-fils du fondateur du groupe, Akio Toyoda, a jusqu'à présent évité de s'exprimer.