Amchit revêt ses atours de fête

 

Amchit est en fête. Cette localité, qui a joué un rôle dans la vie politique libanaise depuis le XIXe siècle, se prépare à accueillir son nouveau « héros ». À peine annoncé l’accord de Doha que la ville a revêtu ses atours de fête. Les drapeaux libanais ornent les rues et les balcons des anciennes demeures et d’immenses portraits du futur président de la République, le général Michel Sleimane, recouvrent plusieurs façades. Des banderoles rendent hommage au « fils de la localité » et lui souhaitent la bienvenue.
Pour l’occasion, les établissements scolaires ont interrompu tôt les cours et des dizaines d’écoliers se sont rassemblés sur la place de l’Armée libanaise. Hissant les drapeaux libanais et des portraits du commandant en chef de l’armée, ils ont entonné l’hymne national. Des feux d’artifice ont de même été lancés. Plus tard, en début d’après-midi, des autocars et des voitures ont traversé la place en convois en klaxonnant à fond. Des enfants heureux que le futur président soit de Amchit brandissaient fièrement le drapeau libanais.
« C’est une très bonne nouvelle pour entamer sa journée, notamment au terme d’une longue crise politique qui menaçait d’aboutir à une guerre civile, remarque Antoine Issa, président du conseil municipal de Amchit. Nous sommes passés de la phase du danger à celle du salut. Nous sommes très heureux. Le général Sleimane a fait preuve de compétence et d’une grande sagesse tout au long de sa mission à la tête du commandement de l’armée. C’est l’homme qui a su s’imposer durant les périodes difficiles et qui n’a pas fléchi malgré les pressions. C’est un homme exceptionnel pour une situation exceptionnelle. C’est un Arabe par excellence et un politicien par excellence. »
« Nous sommes au summum de l’entente, déclare pour sa part Walid Khoury, député du Bloc parlementaire du changement et de la réforme. Malheureusement, la solution a tardé à venir et le peuple a trop souffert. Mais maintenant, on va revivre. Et c’est une nouvelle vie que connaîtront les Libanais avec (le général) Michel Sleimane que j’estime beaucoup sur le plan personnel. J’ai pleine confiance en sa capacité à trancher les problèmes. Il l’a déjà prouvé en dirigeant l’armée, mais surtout au cours des trois dernières années, qui ont été d’ailleurs les plus difficiles du pays. Je pense que les six prochaines années constitueront une phase d’accalmie et de reconstruction pour le pays. »

L’homme qu’il faut à la place qu’il faut
Pour le chef du régional Jbeil des Kataëb et membre du conseil municipal de Amchit, Roukoz Zogheib, « le Liban sortira enfin de sa crise ». « Nous espérons qu’avec l’élection du général Sleimane, le Liban retrouvera le calme et la tranquillité auxquels il aspire », note-t-il.
« Le commandant en chef était brillant tout au long de sa mission à la tête de l’institution militaire, renchérit Kamel el-Khoury. Il le sera encore plus lorsqu’il sera élu à la première magistrature. Les Libanais aspirent à la paix. Nous avons eu notre lot de destruction. Nous espérons que les choses changeront au cours du mandat du général Sleimane. »
« C’est un honneur qu’il soit notre président », commente Fadia d’une voix émue. Son amie, Rose, est la « cousine du général ». La joie se lit sur son visage et l’émotion est perceptible dans sa voix. « Que Dieu le garde et le protège. J’espère que notre joie sera entière cette fois-ci. »
« C’est un miracle, renchérit Majida Lahoud. Nos prières n’ont pas été vaines. Je suis heureuse et je sens qu’il tirera le pays de sa crise. Le général Sleimane est très humain et cela est très important pour un dirigeant. »
Élie Lahoud est un cousin du commandant en chef de l’armée. « Nous savions que ce jour viendrait », dit-il. Comment présente-t-il le général Sleimane ? « C’est un homme droit, ferme et patriotique, répond-il. Il est idéaliste, excellent stratège et très bon père de famille. Il est modeste, posé et perspicace. »
Bassam Lahoud, architecte et photographe, est doublement heureux. « Ami personnel » du général Sleimane, il est convaincu qu’il est « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». « Sur un plan subjectif, je suis convaincu que Amchit connaîtra un essor urbanistique, confie-t-il. D’un point de vue objectif, le général Sleimane a été la seule personne à être restée à l’écart des conflits politiques et confessionnels. Il a même essayé de calmer les esprits et a fait preuve de sagesse. Il a réussi à garder l’armée unifiée et c’est très important. Il est vrai que le général Sleimane a eu une formation militaire, mais il est également détenteur d’une licence en sciences politiques et administratives. Je suis sûr que ce n’est pas le militaire qui gouvernera, mais le stratège. »
À Amchit, les festivités ne font que commencer. Sur la place de l’Armée libanaise, les préparatifs battent leur plein en prévision du jour J. « Une illumination spéciale est prévue pour l’occasion et un écran géant sera installé pour permettre aux habitants de la localité et des régions de suivre la séance de l’élection présidentielle », explique Antoine Issa. Des chants patriotiques seront diffusés à longueur de journée et des troupes de « zaffé » sillonneront les rues de Amchit. « Toutes les localités du caza prendront part à cette grande cérémonie populaire selon leur folklore », précise-t-il. Enfin, la Fédération des municipalités de Jbeil a prévu, au terme d’une réunion visant à coordonner les efforts pour les préparatifs de fêtes, une cérémonie oratoire mercredi prochain au port de Jbeil.
Au domicile du futur président, les préparatifs se poursuivent également à l’abri des curieux. La famille du futur président s’abstient de toute déclaration à la presse jusqu’après la séance électorale.

 

 

 

Nada MERHI

L’orient le jour (22-05-2008)