Jeudi 20 mai, le rendez-vous architectural des Libanais à Zokak el-Blatt
   
Par May MAKAREM | 18/05/2010
JOURNÉE NATIONALE DU PATRIMOINE Après les conférences, les parcours touristiques et les expositions de photographies organisés par l'Observatoire académique de l'ALBA ( Majal) et le département de géographie de l'Université Saint-Joseph, pour sensibiliser le public à l'héritage architectural de Zokak el-Blatt, à son tour le Comité national du patrimoine braque les feux sur un des premiers quartiers à se développer hors des remparts de la vieille ville.

La journée nationale du patrimoine sera célébrée après-demain, jeudi 20 mai, et sera axée sur l'héritage architectural ottoman et mandataire de Zokak el-Blatt, un ancien sanctuaire de notables sunnites et de riches marchands chrétiens qui ont bâti des demeures bourgeoises, des résidences aristocratiques et des institutions académiques et où ont été fondées les premières écoles, aussi bien missionnaires que laïques, ainsi que la première imprimerie nationale. De célèbres poètes, écrivains et journalistes de la renaissance (Nahda) - comme Nassif et Ibrahim Yazigi, Boutros Boustany, Khalil Moutran, cheikh Ahmad Abbas el-Azhari, cheikh Abdel Kader Kabbani, Hussein Beyhum ou Khalil Sarkis, fondateur du quotidien Lissan al-Hal - y ont vécu ou travaillé. Les quelques îlots qui subsistent de ce paradis devenu aujourd'hui un effroyable lotissement, seront en vedette jeudi ont annoncé le ministre de la Culture Sélim Wardé et la présidente du Comité national du patrimoine, Mona Hraoui, lors d'une conférence de presse conjointe au cours de laquelle le ministre a souligné qu'« il n'y a pas d'avenir pour un pays qui occulte ses racines et son patrimoine. Celui-ci est le symbole de notre identité nationale, la mémoire de notre histoire (...) Sa préservation ne relève pas uniquement d'une institution ou du ministère, elle est du devoir de chaque libanais », a-t-il ajouté, avant de passer la parole à Mona Hraoui, qui a rendu un vibrant hommage à Saad Hariri pour avoir redonné tout son lustre à un lieu qui a été le point de départ du mouvement indépendantiste au Liban : l'ancien palais présidentiel de Béchara el-Khoury. La journée du patrimoine débutera d'ailleurs à 10 heures, par la visite de cet édifice historique et sera suivie d'une balade à pied dans Zokak el-Blatt, a indiqué Rima Shéhadé, égrenant l'itinéraire fixé pour cette journée consacrée à la découverte d'une quinzaine de bâtiments présentant un intérêt historique ou culturel, notamment la vieille demeure des Farjallah, devenue le siège de l'Orient Institut allemand ; la maison où naquit la diva libanaise, Fairuz ; la bâtisse des Makassed, autrefois résidence des ambassadeurs de Grande-Bretagne ; le patriarcat grec-catholique reconverti en collège ; la somptueuse maison Moukkhayech ; les palais Honeine et Ziadé, deux édifices exceptionnels par la richesse de leur variété architecturale mais dans un état de délabrement avancé ; ainsi que le magnifique bâtiment du riche marchand Béchara el-Khoury occupé actuellement par un atelier de menuiserie et que la municipalité de Beyrouth a décidé d'acquérir pour le conserver au titre de monument historique. Au menu également, les bains turcs crées en 1920 par Ahmad Bayrakdar et gérés aujourd'hui par ses descendants ; le musée Mouawad et l'église Saint-Nichan... Sur les 96 constructions répertoriées dans le secteur au début des années quatre-vingt-dix, il n'en subsiste aujourd'hui que 26 ! La main de l'homme a mutilé un paysage urbain jadis comparé à un tableau d'orientaliste.